Lorsque les bébés ne se sentent pas désirés et aimés dès le début de leur vie, ce manque d’amour et d’attachement laisse une marque profonde sur leur personnalité. Ces personnes portent en elles à vie un sentiment permanent de solitude et aussi le sentiment d’être des intrus, de vivre une vie qui ne leur appartient pas.
L’un des besoins humains fondamentaux est le sentiment d’appartenance à une communauté. Tout au long de notre évolution, nous avons survécu grâce au travail d’équipe et aux soins mutuels de tous les membres de la tribu.
Dans le passé, lorsque ce soutien partagé échouait, la survie de tous les membres du groupe était mise en danger. En fait, jusqu’à très récemment, l’une des pires punitions infligées à ceux qui enfreignaient les règles du groupe était le bannissement. C’était presque l’équivalent d’une condamnation à mort. Une personne seule avait beaucoup moins de chances de survivre qu’une équipe travaillant ensemble.
Aujourd’hui, ce besoin d’appartenance est encore très présent dans notre génétique. En tant que bébés, nous avons besoin de nous sentir protégés pour pouvoir grandir et nous développer pleinement. Si un nouveau-né ne se sent pas désiré et si, en outre, en grandissant, cette idée de ne pas être désiré est répétée et renforcée par sa famille, le sentiment d’impuissance qu’il développe est absolu.
Aujourd’hui, j’ai voulu apporter à ce blog le cas dramatique de Mathilde, une jeune fille à qui on a toujours fait comprendre qu’elle n’était pas désirée. Comment cela l’a-t-il affectée émotionnellement ?
comment être un enfant non désiré nous affecte
le motif de la consultation de Mathilde n’était pas un cas typique d’anxiété, de dépression ou de phobie. Elle cherchait une thérapie pour un sentiment général d’insatisfaction et de manque de confiance en elle. Elle ne pouvait pas le définir clairement par des mots, mais elle sentait que cela l’affectait dans tous les domaines de sa vie : au travail, avec sa famille et dans ses relations.
Travail : bien qu’elle soit très appréciée par ses patrons et ses collègues, elle a toujours eu l’impression d’être un outsider qui ne méritait pas les éloges qu’elle recevait.
Relations : les différents partenaires qu’elle a eus, pour la plupart des camarades de classe ou des collègues, ont profité d’elle pour faire avancer leur carrière et l’ont abandonnée lorsqu’ils ne pouvaient plus en profiter.
Famille : avec sa famille, elle a toujours ressenti une pression interne pour faire ses preuves. Elle a obtenu de meilleurs résultats professionnels que ses frères et sœurs ou ses cousins, mais elle avait l’impression que ce n’était jamais suffisant pour qu’ils l’admirent et l’apprécient.
Lorsque, en thérapie, nous avons commencé à parler de son histoire personnelle, l’une des idées qui revenait sans cesse dans sa vie était celle de ne pas avoir été un enfant désiré. Que ce soit sur le ton de la plaisanterie ou dans le feu de l’action, ses parents lui ont toujours fait savoir que sa naissance n’était pas planifiée ni désirée.
Se sentir comme un intrus
Mathilde était la plus jeune de tous ses frères et sœurs. Elle est née huit ans après la sœur qui l’a précédée, en raison d’un “oubli” de la part de ses parents, comme on le lui disait constamment.
“Tu es une erreur stupide, un oubli à cause de quelques verres” était l’une des phrases que Mathilde entendait le plus souvent dans son enfance.
Depuis ses premiers souvenirs, Mathilde m’a dit qu’elle ne s’est jamais sentie intégrée dans sa famille. Elle devait toujours porter les vêtements réutilisés de ses frères et sœurs. Si elle mangeait plus lentement que les autres, tout le monde partait quand ils avaient fini et la laissait manger seule. Personne ne se souciait non plus de ses notes, ne jouait avec elle ou si elle avait des problèmes à l’école.
Pendant toute son enfance, elle a eu le sentiment général d’être une étrangère. Elle a grandi avec l’idée qu’elle ne méritait pas tout ce qu’elle avait et qu’elle devait être reconnaissante pour les miettes qu’elle recevait.
Faire face à la douleur d’être un enfant non désiré
au cours de la thérapie, Mathilde a commencé à réaliser comment ce fardeau de ne pas appartenir au groupe continuait à l’affecter dans le présent. Elle essayait toujours de s’intégrer, d’être aussi gentille et accommodante que possible pour que les autres ne se mettent pas en colère, mais rien de tout cela ne fonctionnait. Tout le monde a fini par profiter de sa bonne volonté et, au final, elle ne s’est jamais sentie intégrée nulle part.
Dans ses séances, nous avons travaillé sur ce sentiment profondément ancré d’être redevable aux autres et de devoir se battre pour avoir une place dans le groupe.
Le but ultime était que Mathilde cesse de se concentrer sur l’extérieur et sur les attentes que les autres pouvaient avoir à son égard, et qu’elle se concentre davantage sur elle-même et sur ce qu’elle voulait.
Une clé importante pour Mathilde a été de se convaincre qu’elle n’avait plus besoin des soins et de l’attention de sa famille. Ils n’avaient jamais été dans sa vie et ne le seraient jamais. De plus, à l’heure actuelle, elle avait elle-même suffisamment de ressources pour payer sa propre maison et sa nourriture. Elle n’avait pas besoin de sa famille, ni d’un partenaire pour survivre.
Veronica a commencé à se regarder et à valoriser toutes ses capacités et, à partir de là, à construire un nouveau discours sur elle-même. Elle n’était plus l’enfant non désirée qui devait se contenter du peu d’attention qu’ils voulaient bien lui accorder. Elle était maintenant une adulte valide et indépendante qui pouvait prendre le contrôle de sa propre vie et décider de ce qu’elle voulait en faire.